Il fait nuit noire, l'air est glacial, mais reste humainement supportable car l'excitation permet aux corps de faire fi des hypothermies excessives provoquées par les rigueurs climatiques non assujetties aux dernièrs caprices du médiatique réchauffement planétaire.
Inconscient de tous ces enjeux écologiques, il est toujours là en train d'arpenter cette rue sale et bruyante qui dégage du matin au soir une odeur de chocolat âcre.
Lui c'est le barbier, monsieur le Barbier. Ainsi aiment à le surnommer les nombreuses privilégiées qui ont eu à passer entre ses doigts expertes en rasage intime.
Animalement instinctif, ses sens se mettent en éveil dès qu'il renifle l'odeur d'une féminité à peine perceptible.
Séance tenante, il commence alors à spéculer, au coup de lame qu'il peut exercer avec brio pour débarrasser l'heureuse propriétaire de son apanage envahissant, heureux protecteur d'une damnation joyeuse. Ces poils pubiens délicatement parfumés qui défigurent malencontreusement l'entrée de nos cryptes sacrées.
A l'image du mythique loup-garou affamé, il ne professe son art qu'à la nuit tombée, lorsque le noir envahit l'espace de nos vies et permet à ses visiteuses excitées de rester anonymes.
De son côté, le barbier solitaire a horreur des feux de la rampe et donc fait tout pour que les dames d'un soir ne puissent voir que l'éclat argent de son rasoir plein de ravissement et aiguisée d'une sensualité débordante.
Justement cette nuit, une belle a pris rendez-vous pour une séance nettoyage dans les allées d'un jardin public ouvert aux quatre vents....
à suivre...
vendredi 5 décembre 2008
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